Arrivé à Hat Yai en novembre 2023, je suis resté une semaine à DaLaa, association thaïlandaise qui coordonne le projet où nous étions stationnés Alizée et moi. Durant cette semaine, nous avons appris les valeurs et l’histoire de l’organisation. De plus, une introduction à la langue et à la culture thaïlandaise nous a été donnée. À l’issue de cette semaine, nous avons visité les autres projets de la région, avant d’être déposés à l’école Ban Prang Mu où nous allions passer six mois.
Un bénévole thaï nous a rejoints pour les deux premiers mois de la mission. Ayant effectué un master de français ainsi qu’un volontariat auprès de Solidarités Jeunesses, il était habitué à notre culture et s’est efforcé de faire le lien entre nous et les enfants. Concernant les prémisses à l’école, nous avons assisté dès le premier jour à une réunion avec les professeurs d’anglais, la directrice, une enseignante de science bilingue et l’association DaLaa afin de nous énoncer les enjeux de la mission, les attentes venant des deux parties. Nous nous sommes également présentés aux parents d’élèves et avons rencontré les enfants. Je séparerais ce témoignage en trois parties : début de mission (avec Witsanu, le volontaire Thai) jusqu’à décembre 2023 ; le milieu de semestre (janvier & février 2024) et la fin de la période scolaire (mars & avril 2024).
Nous vivions dans l’école, avec une salle installée au milieu des salles de classe. Le matin, nous étions réveillés à six heures par la radio diffusée à travers des haut-parleurs apprêtés le long du couloir. Ceci afin de nous préparer avant l’arrivée des enfants à sept heures. Un marché local était aménagé le matin, où nous pouvions acheter fruits, légumes et petit-déjeuner. Du café et du thé étaient disposés dans la salle des professeurs. À huit heures, les élèves chantaient l’hymne national, la prière au temple puis la chanson de l’école. Et les cours commençaient. Nous effectuons deux à trois heures de cours d’anglais par jour. Les enseignants d’anglais thaïs nous assistaient depuis le fond de la classe. Sachant que pour les premiers mois, Witsanu nous accompagnait pour nous aider avec la traduction, les professeurs restaient présents afin de mettre en confiance les enfants et les canaliser. Chaque semaine, ils nous donnaient un sujet à traiter. Bien que nous demandions des retours sur notre méthode d’éduquer et sur notre programme, les commentaires demeuraient très sobres. Nous avons appris durant ces premiers mois à prendre confiance en nous. Ainsi, fin décembre, nous décidions nous-mêmes du plan des cours, à partir des manuels et des recommandations du gouvernement thaï. Ces deux mois ont été ponctués d’inondations qui ne permettaient pas de donner cours. Nous avons également fêté Loh Kratong à l’école, faisant voguer des fleurs sur le lac qui remplaçait l’aire de jeu. Concernant la culture thaï, nous avons célébré les donations annuelles au temple, mais nous avons aussi témoigné de notre présence pour divers enterrements en tant que professeurs de l’école. Grâce à la présence de Witsanu, nous nous sommes rapprochés de certains villageois et nous avons visité des lieux de la ville de Phatthalung en leur compagnie.
Son départ, pour janvier, a marqué un tournant dans notre volontariat. L’excitation des enfants quant à notre venue s’est tarie et ils nous considéraient dès lors comme de véritables professeurs. De fait, l’attitude de certains a changé. Puisque notre camarade thaï ne nous accompagnait plus pour les confronter, leur respect envers nous s’est amoindri. Nous avons partagé quelques échanges houleux, mais avec l’aide de l’école et leurs interventions, nous avons pu apaiser les tensions. Après ce début de mois compliqué, nous sommes partis pour la Malaisie afin de renouveler notre visa. Nous avons cependant décidé de décaler notre voyage. Alizée a donc enseigné une semaine par elle-même, puis ce fut mon tour. Alors que nous renforcions notre indépendance, cet éloignement avec les élèves a également mis en lumière leurs attachements envers nous. En février, nous avons été confrontés à la mort d’un maternel, ce qui nous a infligé un coup au moral. Nous avons pris conscience des enjeux de la société thaï, de leur sécurité routière, mais aussi des déroulements des enterrements, de la mise en cercueil à la crémation. Le village portait son deuil, et nous avons appris à nous comporter selon les us et coutumes de la vie paysanne.
Enfin, est venue au mois de mars la fin des cours. Nous avons organisé des camps d’été mi-mars et début avril et avons allégé les derniers cours pour nous adapter à l’humeur festive des vacances. Nous avons par exemple mis en œuvre des cours de cuisine la dernière semaine pour leur apprendre la joie de manger des crêpes. Pour les camps d’été, nous avons mis en place toutes les idées que nous avions en réserve, et l’école a accepté de nous assister avec grand plaisir : pièce de théâtre, compétition de sport, karaoké, chasse au trésor, bataille d’eau. Grâce à l’enthousiasme de la directrice, la région a subventionné nos idées. De plus, nous avons accompagné les élèves en sortie scolaire, au temple et au camp de scouts. Les diplômés ont également eu le droit à une cérémonie, où les meilleurs élèves ont été récompensés pour leurs performances. Des étudiants, d’habitude timides, sont venus nous prendre dans leurs bras, pour nous dire « merci ». Pour terminer notre volontariat, nous avons participé à une ultime réunion avec DaLaa et les professeurs de l’école durant laquelle ils n’ont pas tari d’éloges à notre égard. Avant de partir, nous avons été invités à un pot de départ et avons reçu de nombreux cadeaux pour nous remercier. Et, après cinq mois, nous avons enfin passé une soirée avec un professeur d’anglais de notre âge, de quoi s’immiscer dans la vie festive thaïe, bien différente de la Thaïlande touristique et ses déboires.
Valentin, volontaire en Service Civique en Thaïlande