Valentin, volontaire long terme : « Pas d'hésitation : ce fut une expérience incroyable, tout simplement. »

Ahoj,

Après une année entière passée en tant que bénévole pour l'association JARO, il est temps de faire le point. Pas d'hésitation : ce fut une expérience incroyable, tout simplement.

Concrètement, mon travail s'est divisé en trois « domaines » : l'entretien de l'environnement, la station de sauvetage des animaux sauvages et le suivi naturaliste.

Le premier, comme son nom l'indique, consiste à prendre soin de la nature pour favoriser la biodiversité locale, qu'il s'agisse de la faune ou de la flore. Le plus souvent, cela consiste à couper la végétation qui ferme les écosystèmes et/ou de laisser subsister des espèces pionnières. En effet, ces dernières sont progressivement remplacées par d'autres plus compétitives, ou disparaissent par les effets indirects (ombre, sol recouvert de feuilles et de branches, etc.) de ces nouvelles venues. Dans ce cas, il est nécessaire d'utiliser des débroussailleuses et des tronçonneuses pour éliminer ces plantes indésirables. Selon le lieu et les circonstances, cette matière organique peut être laissée sur place et servira de refuge potentiel pour des mammifères comme le Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) ou même de site de nidification. Par exemple, une grive musicienne (Turdus philomelos) a utilisé les branches d'arbres empilées les unes sur les autres pour faire son nid, avec succès puisque des œufs y ont été pondus. En outre, il sera lentement décomposé en humus par une multitude d'organismes, qu'il s'agisse d'arthropodes ou de champignons, ce qui aura pour effet de fertiliser le sol.

Dans certains cas, cette matière organique est enlevée. Elle est alors soit transformée en charbon par combustion, soit déplacée sur une autre parcelle où sa décomposition ne sera pas nocive. J'ai eu l'occasion de travailler dans la localité de Radiměř avec une « filiale » de JARO : ČSOP Arion. Là, les chevaux, les moutons et les chèvres sont utilisés comme tondeuses naturelles et aident à maintenir des prairies ouvertes, bénéfiques pour les plantes et les papillons. Mais qui dit animaux dit excréments, et ceux-ci ne peuvent être laissés en l'état. En effet, comme indiqué plus haut, cette matière organique, en se décomposant, fertilise le sol, ce qui n'est pas souhaité. Et pour cause : certaines plantes rares sont présentes dans les environs mais ne poussent que si le substrat est pauvre en minéraux. La dégradation des fientes leur serait donc non seulement préjudiciable mais favoriserait également l'implantation d'autres espèces beaucoup plus compétitives.

Bien que localisées, ces zones dans lesquelles nous sommes intervenu.e.s sont réparties un peu partout en Tchèquie. Avec mes collègues, nous étions à Krkonoše (district de Trutnov), dans la réserve naturelle de Zbytka (près de la municipalité de Bohuslavice, district de Náchod), à Raná (district de Louny) et à Mohelno (district de Třebíč). Les occasions de voir les différents paysages de la Tchéquie qui défilent lors des trajets en voiture.

Mon deuxième travail concernait la station de secours pour les animaux sauvages blessés. Je n'étais pas chargé de « l'accueil » des nouveaux arrivants, régulièrement amenés par des personnes qui les avaient trouvés et s'inquiétaient de leur état de santé. Mes tâches consistaient donc à nourrir et abreuver quotidiennement les pensionnaires. Les cages étaient également nettoyées régulièrement, avec remplacement des supports (branches, morceaux de troncs d'arbres) et des détritus. A cela s'ajoutent quelques visites chez le vétérinaire, ainsi que le relâchement de plusieurs oiseaux : Héron cendré (Ardea cinerea), Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Cygne tuberculé (Cygnus olor), Martinet noir (Apus apus), Pigeon ramier (Columba palumbus), Tourterelle des bois (Streptopelia decaocto), Autour des palombes (Accipiter gentilis), etc. Même si je préfère observer tous ces animaux dans la nature, j'ai pris plaisir à m'en occuper. C'était aussi une très bonne occasion de voir plusieurs d'entre eux que je n'avais jamais vus auparavant ou rarement - le Faucon sacre (Falco cherrug) n'est, par exemple, pas présent en France.

Enfin, une partie importante de mon volontariat a été consacrée au suivi naturaliste. Je ne remercierai jamais assez JARO et tou.te.s les collègues qui m'ont soutenu.e et fait confiance en me laissant réaliser ces suivis de manière autonome, malgré mes compétences et connaissances parfois limitées. Par exemple, je n'ai vraiment commencé à reconnaître les odonates que cette année, et pourtant l'association m'a laissé libre d'effectuer des relevés d'espèces qui se raréfiaient (ici Leucorrhinia) malgré mes lacunes évidentes. Il en va de même pour les papillons, pour lesquels j'ai pu réaliser un inventaire par exemple dans les Monts Krkonoše, mais aussi à Mohelno et ainsi attraper par exemple l'Hermite (Chazara briseis). Plus confiant pour les amphibiens, j'ai pu partir à la recherche des deux espèces de crapauds à ventre de feu ainsi que des grenouilles d'étang, en comptant et dénombrant toutes les autres espèces d'anoures et d'urodèles (Bufo bufo, Bufotes viridis, Triturus cristatus...) lors de ces prospections.

Mais autant pour certains taxons faunistiques mes capacités d'identification sont vraiment limitées, autant pour tout ce qui touche aux plantes je suis désastreusement nul... Et pourtant, j'ai consacré des semaines entières à la recherche des Crassulaceae : les rosiers. Ces plantes sont en voie d'extinction en raison du changement climatique et de la destruction des habitats. Or, elles sont très appréciées par l'Apollon, un papillon lui aussi en voie de disparition et bénéficiant d'un programme LIFE à l'échelle européenne. L'accent a été mis sur la recherche du grand orpin (Hylotelephium maximum), qui était encore abondant il y a quelques décennies dans les Monts Krkonoše mais dont les dernières données annonçaient le pire, avec seulement quelques populations résilientes. La découverte de nouvelles plantes a donc permis d'avoir une idée plus globale de la situation de cette espèce, et de formuler des hypothèses quant au retour en force du roi des papillons dans ce massif. Je suis sincèrement ravie que mes recherches aient porté leurs fruits avec des centaines de plantes trouvées. Ces données sont déjà utilisées par JARO et serviront de base de travail pour les années à venir.

Peut-être que le plaisir que j'ai eu à travailler avec JARO pendant une année entière ne se reflète pas suffisamment dans cette évaluation. Si c'est le cas, j'en suis désolé, car ce fut une expérience vraiment mémorable. J'ai rencontré des gens, observé des multitudes d'espèces, enregistré beaucoup de données, marché des kilomètres dans les montagnes... J'ai aussi eu des problèmes de voiture, reçu de la pluie et de la neige au milieu de la journée de travail, j'ai été piqué par des moustiques voraces... Mais quelle aventure.

Merci JARO, et merci à l'Europe d'avoir créé ce programme.

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